Le Berry Républicain, le 17 02 2017

Sancerrois

Le cheval, un attrait pour les vignes

Basée à Boulleret, une association propose de revenir à une méthode ancestrale de travail dans les vignes : le cheval de trait. L’association Équilandes les traits du Val de Loire propose des démonstrations, ce matin, à Bué

À l'heure où de plus en plus de vignerons se tournent vers une culture davantage raisonnée de leurs vignes et reviennent au travail du sol plutôt qu'aux pesticides, une méthode ancestrale refait son apparition : le cheval de trait.

Une association, Équilandes les traits du Val de Loire, basée à Boulleret, l'a bien compris et propose ses services aux vignerons, mais aussi aux maraîchers, pour leurs champs, et aux collectivités, pour leurs espaces verts. Hier et ce matin, elle organise des démonstrations, dans les vignes du domaine Joulin, à Bué.

« Valoriser les races de chevaux de trait »

« Nous voulons valoriser les races de chevaux de trait, explique Danièle Vinck, présidente de l'association. C'est d'ailleurs une politique nationale mise en place par l'Institut français du cheval et de l'équitation. Et si la pratique est répandue dans de nombreux autres vignobles, dans le Sancerrois, ce n'était pas le cas. C'est pour cela que nous nous sommes formés auprès de Jean-François Lafon, basé en Touraine. »

Labour, buttage, débuttage, griffe… Les travaux qui peuvent être réalisés avec les chevaux de traits sont multiples et peuvent donc intéresser de nombreux vignerons. Hier, quelques-uns d'entre eux étaient venus assister à la démonstration. Parfois, ils se sont même essayés à la tâche. « Ça paraît simple, mais pas tant que ça ! Il faut prendre le coup de main. Par contre, ça a l'air physique, mais ça se fait bien », déclare un chef d'équipe.

« Préserver un geste ancestral »

« C'est vraiment intéressant, ajoute un vigneron de Crézancy-en-Sancerre. Ça permet de préserver un geste ancestral. Cela fait quelques années que l'on travaille les sols plutôt que d'utiliser des pesticides et le travail du cheval de trait s'inscrit dans la continuité. Le geste est beau, il y a toute une philosophie derrière. »

Et même si, comme le reconnaît Danièle Vinck, la tâche est un peu plus longue qu'en tracteur, elle apporte de nombreux autres avantages. « Le cheval n'abîme pas les sols. Il ne les tasse pas non plus. Et puis ça permet de limiter l'utilisation de pesticides. Ça s'inscrit totalement dans une démarche écologique, en réduisant, en plus, la pollution. »

Pour se rendre chez les vignerons qui voudraient faire appel à leurs services, l'association dispose de trois chevaux de trait : un auxois, un percheron et un cob normand. Ils ont établi un barème de 50 euros de l'heure, qui peut évoluer en fonction de la durée du contrat.

« Un cheval invite plus à la discussion qu'un tracteur ! »

« C'est vrai que ça peut être intéressant, après il faut voir la proportion sur nos 17 hectares, précise un vigneron. En plus du travail en lui-même, il y a une cohésion d'équipe plus forte autour d'un animal. Ça invite plus à la discussion qu'un tracteur ! C'est plus motivant. On profite plus du métier. »

Si les vignerons montrent leur intérêt pour cette méthode, leurs vignes pourraient, elles aussi, intéresser les pratiquants du travail de trait. « Nous sommes en train de mettre en place un partenariat avec un haras qui dispense des formations de cheval de trait pour qu'ils viennent se former ici aux travaux dans les vignes », conclut Danièle Vinck.

Pratique. Démonstrations toute la matinée, route de Bourges, à la sortie de Bué au croisement de la route de Veaugues et de Crézancy-en-Sancerre.

Chloé Gherardi