Deux beaux aricles parus dans la Nouvelle République

 

Comment promouvoir le Grand noir ?

Publié le 05/10/2020 à 06:25 | Mis à jour le 05/10/2020 à 09:44    Nouvelle République

Gérard Perrot, président de l’AFAGNB.

Gérard Perrot, président de l’AFAGNB.
© Photo NR

L’élevage du Grand noir du Berry, et de l’âne en général, n’est pas franchement considéré comme rentable. « On en a pour brouter l’herbe, pour de la monte, de l’attelage en randonnées, et même encore pour de la traction en agriculture. Mais tout ça ne rapporte pas. La seule activité intéressante économiquement, c’est la production de lait d’ânesse », indique Gérard Perrot. Ce dernier veut rajeunir l’image du Grand noir.
Il se réjouit d’ailleurs de l’achat, il y a peu, d’un âne par le lycée agricole de Saint-Cyran-du-Jambot, désireux de promouvoir la race. « J’ai d’excellents retours, l’animal est devenu la mascotte des lycéens ! » Et parce que la synergie a pris, le lycée d’Amboise (Indre-et-Loire), a lui aussi fait l’acquisition du Grand noir, tandis que le pôle de l’âne et du cheval, basé dans le Cher, tente de promouvoir la race. « C’est positif, cela veut dire que nous ne sommes pas seuls à lutter pour la conservation du Grand noir », se réjouit Gérard Perrot. Mais le président de l’AFAGNB aimerait aussi recevoir l’aide financière des collectivités publiques. « Le Grand noir est un réel atout touristique du Berry, son image est d’ailleurs souvent utilisée. Mais nous ne pouvons pas, nous, bénévoles, promouvoir nos ânes de manière efficace. Il nous faudrait un salarié, à temps plein, pour assurer la communication. L’association qui défend le Baudet du Poitou, par exemple, dispose de quelqu’un pour ça, et on voit que ça marche. »
Reste que le meilleur lieu pour promouvoir le Grand noir, ça reste le Salon de l’Agriculture. « Chaque année, nous en envoyons, et chaque année, de nombreuses personnes se présentent à nous et manifestent leur intérêt pour les ânes, et certains finissent par en élever. Le Salon, c’est notre plus belle vitrine. »

https://www.lanouvellerepublique.fr/indre/comment-promouvoir-le-grand-noir?fbclid=IwAR1dTajrt0c0ClbhNlmylvkl7qXPQtCC8TSjsG1Tl-L8ZLVElo3jVKe_7G4

 

L'âne Grand noir du Berry, une race en sursis

Publié le 05/10/2020 à 06:25 | Mis à jour le 05/10/2020 à 11:14   Nouvelle République

Avec une moyenne de 1,40 m au garrot, le Grand noir du Berry fait partie des plus grands ânes.

Avec une moyenne de 1,40 m au garrot, le Grand noir du Berry fait partie des plus grands ânes.
© Photo NR

L’animal compte de moins en moins de naissances, faisant craindre son extinction. L’association du Grand noir du Berry se bat pour la survie de l’espèce.

L’histoire d’amour entre les ânes et le Berry ne date pas d’hier. L’animal a toujours peuplé les terres berrichonnes, devenant l’un des principaux moyens de locomotion et de travail agricole au XIVe siècle. Sa reconnaissance a lieu bien après, quand les Thiaulins de Lignières (Cher), un groupe d’art de traditions paysannes du Berry, recensent les ânes à la fin des années 80. En 1993, naît finalement l’Association française de l’âne Grand noir du Berry (AFAGNB), chargé d’assurer la sauvegarde d’une race nouvellement créée, et de contrôler son élevage.
« Des naissances pour conserver la race » C’est justement ce à quoi s’affairent Gérard Perrot, président de l’AFAGNB, et son équipe. Sauf que depuis quelques années, ce dernier fait face à un problème de taille. « Jusqu’aux années 2010, on comptait environ soixante naissances de Grand noir par an. Mais, depuis dix ans, ça baisse. En 2016, seuls quatorze ânes de la race sont nés. » Selon lui, les causes sont multiples : « Il y a d’abord la disparition des haras nationaux, qui assuraient la gestion du stud-book conjointement avec l’association. Et puis, la crise économique d’il y a dix ans n’a pas aidé. Élever des ânes a un coût, et ça n’est pas souvent rentable. »
Résultat, les éleveurs, dont une quinzaine adhère à l’AFAGNB, sont de moins en moins nombreux, et surtout de moins en moins jeunes. Pourtant, « il y a de la demande », assure Gérard Perrot. « Mais on manque de baudets, les ânes mâles reproducteurs, et de jeunes ânesses. Car si un Grand noir peut vivre jusqu’à 40 ans, ils ne se reproduisent pas indéfiniment. » Surtout, il y a des règles d’élevage strictes à respecter. « On ne peut accoupler un Grand noir avec n’importe quelle espèce. Une seule est autorisée pour reconnaître les naissances en Grand noir, c’est l’âne des Pyrénées. »
Si le département du Cher est le berceau du Grand noir, c’est désormais l’Indre qui enregistre le plus de naissances. Mais on trouve la race partout en France, avec environ 1.500 animaux recensés. « Au sein de l’association, il y a des éleveurs de Bretagne, d’Alsace, du nord et même de Belgique », souligne Gérard Perrot. Mais si la diffusion de la race berrichonne partout en France est « une bonne nouvelle », l’AFAGNB doit aussi assurer la traçabilité de l’espèce. Pas toujours simple. « Il faut des naissances pour converser la race. On devrait peut-être aller plus loin, et obtenir la garantie que l’acheteur s’engagera à assurer un élevage. »
L’an dernier, l’horizon s’est malgré tout éclairci pour le Grand noir du Berry, avec vingt-sept naissances. « C’est bien, mais ça ne sauvera pas l’espèce », tempère Gérard Perrot.


À la demande des éleveurs et compte tenu du contexte autour des équidés, nous n’avons volontairement pas situé le lieu du reportage.